Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
nocturnes
11 février 2014

ELSA KINÈSE ET ÇA

Quand on n'a plus besoin de rien faire, que faire ? Elsa Kinèse a passé la moitié de l'année à améliorer ce don jusqu'à ce qu'elle ne devienne plus que lui. Qui est Elsa Kinèse ? Tout le monde, n'importe qui, personne, n'importe quoi. C'est un corps et une habileté. C'est une main et un morceau infime de cerveau. Elle ne dort plus, ne mange plus, ne sourit plus. Au début, son talent la servait ; maintenant, il la dessert. Elle ne pleure plus, ne s'énerve plus. Elle se fiche que des gens soient bêtes et méchants, elle se fiche des gens. 

Elle ne veut plus qu'une chose, et son désir la tire, l'attire, vers l'obscurité. Elle aimerait tellement se débarrasser de ça. Elle souhaiterait être obligée de tourner le poignet pour ouvrir une porte, se pencher pour ramasser une feuille qui s'est envolée. Elle pense qu'en en abusant, il disparaîtra, se fatiguera. Mais c'est elle qui disparaît, c'est elle qui se fatigue. Elle se dit que sans elle, sans Elsa, il n'y aurait plus rien. Aujourd'hui, c'est la dernière solution. La dernière.

Publicité
9 février 2014

Parfois je préfère m'enfermer dans une salle

Parfois je préfère m'enfermer dans une salle obscure, au milieu d'inconnus, que de faire face à mes problèmes. Pendant plus d'une heure – aujourd'hui les films sont de plus en plus longs, et la fuite aussi –, je m'évade. Je sais que j'ai tellement plus de choses à faire, mais je n'arrive pas à m'y confronter. Le cinéma, c'est pour moi plus qu'une passion. Si un jour je n'avais plus la possibilité d'aller au cinéma, ou de regarder un film – même des séries, surtout des séries –, je crois que je ne serais plus moi-même. En fait, je ne sais même pas ce que je deviendrais. 

Je cache cette passion, ou du moins, l'ampleur qu'elle a acquise dans ma vie, parce que je ne voudrais pas qu'elle devienne un problème. Qu'elle devienne une des raisons pour lesquelles je me cache dans une salle obscure.

6 février 2014

ELSA KINÈSE ET IRIS TRENTE

Elle a horreur de ces filles de la fac qui se moquent de tout et n'importe quoi. Et plus particulièrement d'Iris Trente. Parfois, elle s'assied à côté d'elle et elles discutent. Elles s'entendent bien, mais Iris Trente est grosse et son ventre dépasse parfois de son tee-shirt. Cela suffit aux filles de derrière pour se moquer méchamment. Elles utilisent toutes ces ordinateurs à la mode, et téléphonent toutes avec ces cellulaires à la mode. Elles sont toutes stylées, et se battent tous les matins pour dompter leurs cheveux avec des fers à lisser et des produits graissants. Seulement, ça ne sert à rien. Elles plaisent peut-être aux garçons, vont peut-être à des fêtes avec plein de gens, elles sont creuses et le pire, c'est qu'elles ne le savent même pas. Alors, l'ordinateur de l'une se met à fumer et l'écran du téléphone de l'autre se fissure, comme par magie.

— Tu as mal au doigt, Elsa ?

— Non, mais j'ai un peu mal à la tête, Iris, répond-elle en dépliant son index droit.

5 février 2014

Il y a des choses qui ne se commandent pas. Comme

Il y a des choses qui ne se commandent pas. Comme le divorce de tes parents ; la rencontre inopinée avec ta meilleure amie, à cette table du réfectoire. Il y a toutes ces choses qu'on commande, qu'on ordonne mais qui nous échappent encore. On travaille sur nous-mêmes, on essaie par tous les moyens de ne pas se laisser diriger par ces choses. Elles nous font peur, elles nous embêtent, elles nous empêchent d'avancer. Tu pleures quand tes parents divorcent ; tu deviens amie avec cette poseuse, qui devient tout ce que tu désires sur Terre. Finalement, au lieu de les éviter, tu trouves dans ces choses pleins de petites choses agréables, auxquelles tu ne veux pas renoncer : tes parents sont épanouis, ta meilleure amie est plus qu'une simple poseuse. Tu es soulagée que ces choses, au début des désagréments, ne t'aient pas écoutée.

Et puis il y a les autres choses. Celles dont on ne se rend pas compte qu'elles nous sont néfastes ; et pourtant... Petit à petit, elles s'incrustent dans nos vies, font de nous des personnes qu'on voudrait gifler, réveiller. On le voit chez les autres, rarement chez nous. C'est quand ces choses disparaissent enfin que l'on ouvre les yeux sur nos travers. “Quoi ? Mais j'étais cette personne ?” Pour notre égo, il vaudrait mieux ne jamais avoir à retirer le filtre sur notre cornée, mais pour notre bien, c'est inévitable et nécessaire.

Il était l'une de ces choses qui me pourrissait la vie, m'empêchait de voir les autres comme des potentiels. Tout ça pour quoi ? Deux, trois week-ends passés dans l'obscurité de ma chambre. Rien du tout. Je me suis vampirisée moi-même, dégageant chaque fois un peu plus la nuque pour lui dire de me mordre encore plus fort. 

Maintenant, c'est fini. Pas parce que je le rejette, mais parce que je le vois avec ses propres travers, ses propres défauts, sur lesquels j'avais fermé les yeux : un Dieu ne peut avoir de faille. Mais il n'était pas un Dieu, pas plus que je n'étais une prophète.

1 février 2014

ELSA KINÈSE ET LA PORTE DU MATIN

Elle serre les poings, contre ses hanches, les paupières fermées. Rien ne pourrait la sortir de sa réflexion, et elle sait qu'elle doit aller vite : c'est là qu'elle est la plus vulnérable. Heureusement, elle ne sauve pas le monde. Heureusement, personne ne lui veut de mal ; parce que personne ne connaît son secret. Son pouvoir. La serrure se déverrouille, clic, et la poignée se baisse, comme poussée par une main invisible. C'est ce qu'elle est, une main invisible. Elle oublie ses clefs, ferme la porte derrière elle, clic. Et court pour ne pas rater son tram.

Publicité
Publicité