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nocturnes
21 novembre 2014

Je me demande pourquoi “la marche de la honte”.

Je me demande pourquoi “la marche de la honte”. Quand on est assis dans le tram, à deux doigts de dégobiller ou qu'on se cache désespérément derrière son écharpe – comme si, puérilement, si mes yeux ne voient pas, on ne me voit pas. Qu'on rase les murs du couloirs pour éviter de croiser ce quelqu'un de la nuit, et qu'on prie pour ne jamais jamais jamais le revoir ; tout en espèrant secrètement que c'est notre âme-soeur, et qu'elle trouvera toujours un moyen de nous retrouver, quelque chose de romantique qui nous fera oublier le speech misérable de l'unique nuit passée ensemble.

J'ai enduré ma première panne cette nuit. Je crois que son corps a senti que je n'en avais pas si envie que ça. Je n'aime pas les coups d'un soir lorsque je n'ai pas décidé les termes du contrat. Je me sens obligée, je me sens redevable, je me sens coupable. Je suis obligée de rester après. Je déteste encore plus les coups d'un soir avec des personnes qui n'y sont pas habituées et, pire, qui n'y croient pas. Qui te laissent les clefs de l'appartement quand ils partent au travail (“je veux ma revanche ce soir”, “ne pars pas samedi” NON NON NON), qui s'imaginent pouvoir caresser ton dos pendant la nuit, quand tu tentes péniblement de dormir quatre pauvres heures, quand tu as un examen le lendemain et que tout ce que tu veux, d'une puissance telle que tu sens tes muscles se durcir, c'est fermer les yeux, écarter les bras et les jambes et ne sentir rien d'autre que ta propre chaleur, le vide sous la couette. Et que tu te retrouves avec une jambe sur ta jambe, un bras sur ta taille, un souffle dans ta nuque. Et tu es obligé de faire semblant d'être vexé pour ne pas vexer le coupable de la panne (“et on n'est même pas en voiture”...).

Finalement, la “marche de la honte”, c'est peut-être simplement le combo d'une non-prise de douche immédiate parce que tu es trop pressé de partir, les sous-vêtements reportés, les cheveux décoiffés. L'entrejambe douloureux et les poches sous les yeux. La “marche de la honte” c'est devoir sortir en puant le sexe et se dire que tout le monde le sait tout en se persuadant que tout le monde s'en fout. Moi, je n'ai jamais remarqué quiconque sous le sceau de la "marche de la honte".

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