Au lycée, elle rêvait de faire partie des “jeunes

Au lycée, elle rêvait de faire partie des “jeunes cool” : ils semblaient bien, au-dessus du reste des élèves, sans soucis. Ils étaient blasés, fumaient clopes sur clopes à la pause, de l'autre côté de l'enceinte de l'établissement ; parfois, l'odeur de leurs roulées n'étaient pas tout à fait celle du tabac ordinaire. Ils allaient à des soirées formidables, étaient bien habillés, tous beaux à leur façon. À partir de la première, elle s'est mise à fumer comme eux, ceux de terminale. Elle était près d'eux, sans vraiment en faire partie. 

Mais elle s'en fichait. Elle avait oublié qu'elle avait commencé à fumer par mimétisme. Elle avait ses amis, ses soirées, son style. En terminale, elle avait quasiment oublié les blasés. Elle était, sans vraiment le désirer encore, devenue l'une d'eux. Elle était une “jeune cool”. En fait, il lui suffisait de se moquer du regard des autres, d'être elle-même auprès des gens qu'elle avait sélectionnés et qui l'avaient sélectionnée. 

Elle n'est pas devenue plus jolie, plus intelligente ou moins désespérée. Elle est devenue ce qu'elle est. Elle a trouvé de l'assurance au fond d'une boîte à chaussure, derrière la chevelure d'une rouquine qui vomissait dans une poubelle, loin de sa chambre. Elle a quitté sa zone de confort, qui n'est plus devenue qu'un havre de solitude. Désormais, tout ce qui compte, c'est elle. Juste elle.

On dit que du courage et de la confiance en soi naît le succès. Le succès ; ou le bonheur ?